Merci Martin – 13 juin 2010

Version 1 : En effet, le fondateur et ancien président de notre Club, Martin Picquart nous a quitté, après avoir subi une opération cardiaque difficile et ensuite sombré dans un état comateux. Ses funérailles ont eu lieu dans l’intimité, et de ce fait, au niveau du club, rien n’a pu être prévu. Wim estima cela très regrettable et étant donné que la balade «Zeeuw van Vlaanderen» était quand même annulée, il décida de mettre sur pied en toute dernière minute, une petite randonnée intitulée « MERCI MARTIN » à la mémoire de notre cher ami. Ce jour là, tout bon belge est allé une fois de plus voté et Wim a choisi cette journée écourtée pour organiser un petit tour façon «Martin» C’est-à-dire : bref – gai et bon marché. Tous les participants se donnaient rendez-vous et prenaient le repas de midi au restaurant «Vlasblomme» à Kortrijk. C’était aussi le dimanche de la «Fête des Pères» et au restaurant, le personnel était submergé de travail, et nous avons du attendre plus longtemps que prévu pour être servis. Cependant, le repas était simple mais savoureux.
Il y avait 31 M.G inscrites, dommage qu’il n’y en avait pas d’avantage, mais que voulez-vous avec tous ces évènements, beaucoup ont été empêchés.
Il y avait même des amis français (Vincent, Jean-Paul et Mr. Welcom) et aussi Georges Duffaut, membre du MGOCB, qui nous ont accompagnés toute la journée. La surprise fut également de rencontrer lors du départ, Jacky, le frère de Martin, ainsi que l’architecte De Deurwaerder de Spierre, qui est le créateur de la plaque originelle de rallye (en alu et encre de chine) du 30ième anniversaire du MG Car Club Belgium. Les participants étaient heureux de pouvoir rouler par ce beau dimanche. Le soleil était heureusement
de la partie, et beaucoup ont pu décapoter leur roadster. Ce fut une belle balade tranquille.
Merci Wim.
J.
Traduction Christian H.
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Version 2 : Cela faisait longtemps que l’idée me trottait en tête; je voulais acheter une MG!
Je venais de décrocher mon premier emploi quelques mois avant la fermeture des usines d’Abingdon… Puisqu’il ne me serait désormais plus possible d’acheter une MG neuve, je trouverais une ancienne! Un beau jour de 1985, alors que je me promenais dans un centre commercial de Bruxelles, je découvris dans un coin, un petit stand qui arborait les étranges lettres: MGCCB… Et un logo octogonal qui me rappelait quelque chose. Ce fut ma première rencontre “de près” avec l’univers MG. Quelques membres actifs y faisaient la promotion de leur club et bien que je n’aie pas de MG, je m’y inscrivis en comptant bien y trouver les conseils dont j’avais besoin pour acquérir ma belle anglaise. C’est ainsi que je fis la connaissance du noyau bruxellois et d’amateurs éclairés qui purent m’orienter et me conseiller dans l’achat d’une MGB, puisque c’est le modèle que je recherchais et qui s’accordait au maigre contenu de ma tirelire. Comme, après une année de recherches vaines, je ne trouvais pas mon bonheur quelqu’un me parla d’un “gars” du côté de Courtrai qui avait un entrepôt dans lequel il rangeait consciencieusement tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une MG. Je n’y trouverais peut-être pas la B que je cherchais mais, au moins, je pourrais obtenir des renseignements parce qu’il
en connaissait un bout sur le sujet : c’était le président du club…! Etrange président qui collectionne les épaves dans un ancien entrepôt… Evidemment, ce n’était pas la porte à côté mais par bonheur, ma femme avait sa famille à Kuurne et nous y allions régulièrement. Je me décidai donc, un week-end que nous devions nous y rendre, d’aller à la rencontre de ce mystérieux personnage… Je garai ma voiture devant l’entrepôt qu’on m’avait indiqué et je tentai de me frayer un passage parmi les carcasses de MG rouillées ou accidentées pour parvenir jusqu’à la porte d’entrée de l’immense bâtisse. A l’intérieur, l’obscurité m’envahit soudain et il me fallut quelques secondes avant d’arriver à
discerner ce qui s’y trouvait. Dès l’entrée, quelques voitures (ou ce qu’il en restait) reposaient à même la terre et plus loin, d’énormes étagères accueillaient des pièces de toutes sortes, des moteurs, des boîtes de vitesse, des roues, des pare-brise… Au milieu de cette caverne d’Ali Baba, un escalier montait vers une mezzanine qui donnait sur une pièce qui devait être le bureau du maître des lieux. A cet instant même, j’entendis une voix qui s’échappait de cette pièce. J’essayai de comprendre ce qu’elle disait (ööhhdihidiheudehoö smeudebrüüd¨…) mais impossible de discerner la moindre syllabe: il devait
parler en suédois ou plutôt dans cet étrange dialecte que j’avais tant de fois essayé – en vain – de comprendre lors de mes visites dans la famille de Kuurne… Je montai lentement les marches et la voix se fit plus présente. Le ton était enjoué, presque chantant. C’est alors que je découvris Martin pour la première fois! Il raccrocha et tout en me lorgnant au travers de ses grandes lunettes me souhaita la bienvenue, d’abord dans son étrange patois, ensuite, en voyant mes yeux en forme de points d’interrogation, dans un français impeccable teinté de cet adorable accent reconnaissable entre tous.
Je lui expliquai le but de ma visite et il me dit qu’il allait se renseigner de son côté; il connaissait en effet plusieurs personnes qui étaient susceptibles de vendre leur MG et qu’il me tiendrait au courant. Très vite, il me mit en contact avec un membre du club de sa région qui avait commencé à restaurer une MGB mais qui, en définitive, préférait les Midgets et voulait revendre sa B. C’est ainsi que grâce à Martin, je fis l’acquisition pour la modique somme de 130 000 francs belges de l’époque (un peu plus de
3000 €) d’une coque de B revêtue d’une couche de primaire et d’une dizaine de caisses contenant les pièces du moteur, de la boîte de vitesse, du tableau de bord et de toutes les autres accessoires qui constituaient ce gigantesque puzzle! Il ne me restait plus qu’à tout remonter… Heureusement, Martin m’indiqua l’adresse d’un garagiste de ses connaissances qui pourrait s’occuper de la partie purement mécanique (moteur, boîte, pont) me laissant remonter tous les accessoires “décoratifs”. Cela me prit des années et régulièrement, lors de mes passages à Kuurne, je faisais un saut jusqu’à Gullegem chez Martin pour lui acheter l’une ou l’autre pièce introuvable dans mes caisses! C’est ainsi que j’appris progressivement à connaître un homme charmant, toujours disponible et le coeur sur la main qui se démenait pour résoudre mes différents petits et gros problèmes rencontrés tout
au long du remontage de mon auto. Il me faisait partager son enthousiasme et grâce à lui, j’appris beaucoup de choses (sauf la mécanique pour laquelle je suis toujours resté très nul!). Mon intérêt grandissait, non seulement pour la marque mais également pour le club et c’est ainsi que, chaperonné par Martin, je fus accueilli en 1996 au sein du comité du MGCCB qui cherchait des bonnes volontés pour aider à organiser ce club qui avait été recréé par Martin 23 ans plus tôt en 1973 après que le club original belge fondé en 1956 eût sombré dans l’oubli au début des années ’60. Je découvris alors le
club sous un autre angle, celui de la gestion, de la préparation d’événements et… des réunions de comité qui, loin d’être solennelles et austères se faisaient alors encore tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre autour d’une bonne table! Je retrouvais ainsi chaque trimestre le “noyau dur” constitué des anciens, les “sages”, dont Martin et son frère Jacky pour parler de la vie et de l’organisation du club. C’étaient des soirées interminables, toujours agrémentées de petits plats à grignoter et évidemment bien arrosés et qui permettaient d’organiser le club et ses activités dans la joie et la bonne humeur. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et au bout de quelque temps, certains membres du comité
furent remplacés et l’ambiance de potaches des débuts y perdit beaucoup. Martin lui-même, le président, ne fut pas réélu et, se sentant désavoué, en fut fort affecté. Sa présence lors des différents événements se fit plus rare. Entre-temps, le club avait grandi et il fallait songer à passer à quelque chose de plus sérieux et rigoureux.
Je revoyais encore Martin mais plus rarement. Bien souvent, à l’occasion d’une visite à Gullegem quand j’avais besoin de l’une ou l’autre pièce introuvable ailleurs; visite au bout de laquelle il me quittait toujours en me saluant d’un traditionnel “Et bonjour à Madame hé!”. Bien des années plus tard, en 2004 (2 ans après avoir quitté le comité du MG Car Club), avec quelques amis, nous décidions de créer un autre club MG, le BMGOC, pour essayer de retrouver cette fraîcheur des premiers temps. Très gentiment, Martin accepta de se joindre à nous tout en restant toujours fidèlement membre du MGCCB qu’il considérait comme son bébé. Il organisa même pour notre club une randonnée avec Achiel, son ami de toujours au cours de laquelle nous sillonnâmes Flandre et Wallonie sous un soleil radieux. La vie est ainsi faite: on côtoie des gens pendant des années et puis, on ne sait pas toujours trop pourquoi, on les perd de vue jusqu’au moment où on apprend qu’ils ne sont plus de ce monde. C’est ainsi que dernièrement, tout à fait par hasard, je fus averti que Martin avait succombé lors d’une intervention chirurgicale. Même si je ne le côtoyais plus régulièrement, du moins ces dernières années, je ne l’avais pas oublié pour autant et tous ces souvenirs remontaient subitement à la surface. Lorsque j’appris que Wim organisait une randonnée à sa mémoire dans le Westhoek, je n’hésitai pas une seconde! Peu de gens de mon nouveau club l’avaient côtoyé et j’étais le seul à y participer mais
j’espérais bien revoir certains anciens du Car Club dont quelques uns avaient fait le déplacement. La balade fut charmante et me remettait en mémoire toutes celles faites pendant des années aux côtés du président d’alors dans sa vieille TD.
Martin, merci à toi de m’avoir fait connaître le monde MG!
Adieu l’Ami,
Georges

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